Système de codification de la maltraitance EMMCS (Extended Modified Maltreatment Classification System)
L’EMMCS est une mise-à-jour (réalisé par S. Monette) du Modified Maltreatment Classification System (MMCS; English et al., 1997). Le MMCS a été utilisé dans plus de 75 études (Huffhines et al., 2016) et il est considéré comme l’outil le plus complet pour la codification des rapports narratifs d’évaluation de signalement des intervenants de la protection de la jeunesse (Jackson et al., 2019). Le principal changement du MMCS au EMMCS est l’ajout de plusieurs sous-types de maltraitance psychologique.
En effet, alors que le MMCS ne comprenait qu’une seule catégorie globale de maltraitance psychologique, sans code spécifique pour les sous-types, le EMMCS a divisé cette catégorie plusieurs sous-types (voir plus bas). Le EMMCS intègre aussi des dimensions de maltraitance issues de l’Étude LONGSCAN (voir numéro spécial du Child Abuse and Neglect en 2005), par exemple le score de chronicité.
L’EMMCS comprend les variables suivantes:
1) Types et sous-types de maltraitance :
Le EMMCS comprend 8 types de maltraitance et plusieurs sous-types, comme l’illustre le tableau suivant :
2) Sévérité. L’EMMCS propose une échelle de sévérité (échelle Likert 1 à 5) pour chaque événement de maltraitance codé. Les variables finales de sévérité sont la sévérité maximale par sous-type de maltraitance, suivant les recommandations d’études antérieures (Litrownik et al., 2005);
3) Fréquence. L’EMMCS mesure le nombre d’événements par sous-type;
4) Périodes d’exposition. L’EMMCS mesure les périodes d’exposition à la maltraitance selon les quatre périodes développementales (0 à 1 ½ an, 1 ½ à 3 ans, 3 à 6 ans, 6 à 12 ans) identifiées dans English, Graham et al. (2005) et ajoute une période développementale (12-17 ans);
5) Chronicité. Un score de chronicité de la maltraitance (1 à 5) est donné en fonction du nombre de périodes développementales d’exposition à la maltraitance et de la contiguïté de ces périodes d’exposition à la maltraitance (voir English, Graham et al., 2005).
Des modules supplémentaires ont également été ajoutés comprenant des facteurs de risques des parents (p., ex., toxicomanie, problème de santé mentale, déficience intellectuelle, etc.) et des facteurs de risque d’événements de vie adverses de l’enfant (p. ex., exposition à la drogue ou alcool durant la grossesse, perte d’une figure de soins, accident ou maladie grave, etc.).
Une étude de validation en préparation menée sur 240 dossiers d’enfants signalés aux services de protection de la jeunesse a montré des accords inter-juge excellents au EMMCS pour l’ensemble des variables générées par l’outil : la sévérité maximale par type et sous-type de maltraitance (corrélation intra-classe moyenne = .91), la fréquence des événements par type et sous-type de maltraitance (corrélation intra-classe moyenne = .91), la période développementale d’exposition (kappa moyen = .98), les autres événements vie de adverses de l’enfants (kappa moyen = .90) et les facteurs de risque parentaux de la mère et du père (kappa moyen = .99 et .91, respectivement). L’outil montre aussi un bon niveau de validité convergente étroite, comme l’indique un kappa moyen de .66 pour la présence des types de maltraitance, tel que mesuré par un autre outil semblable, mais moins détaillé. L’outil montre finalement un bon niveau de validité convergente élargie avec des indicateurs de psychopathologie de l’enfant, par exemple, des corrélations spécifiques entre : a) les indicateurs (combinaison de fréquence et sévérité maximale) d’abus sexuel au EMMCS et la présence de comportements sexuels problématiques chez l’enfant; b) les indicateurs de négligence physique et psychologique au EMMCS et la présence d’enjeux d’attachement et de retard de développement chez l’enfant et c) les indicateurs de maltraitance psychologique au EMMCS et la présence de comportements extériorisés et intériorisés chez l’enfant.
Cet outil sera éventuellement disponible sur ce site.
